Une bonne dose de "couragine". C'est ce que voudrait prescrire Martin Hirsch, ancien haut commissaire aux solidarités actives, pour que les dépenses pharmaceutiques inutiles soient économisées. Mais l'industrie exerce toujours une forte pression sur le marché des médicaments...
Site de production de médicaments du laboratoire Servier, Gidy-la-Forêt
Deux professeurs de médecine, qui ont l’âge de ne plus avoir rien à perdre nous livrent leur diagnostic des "Indignés du médicament" en jetant un pavé dans la mare des médicaments. Il faut se réjouir de leur vigoureuse initiative. Philippe Even ne mâche pas ses mots et il ne sert pas sa potion avec le dos de la cuiller. Jugez en vous-même : "l’industrie pharmaceutique est la plus lucrative, la plus cynique et la moins éthique de toutes les industries".
Vont-ils être poursuivis au pénal ? Au moment où éclatait le scandale du médiator, j’avais dénoncé la pression qui s’exerce sur l’ensemble des acteurs médicaux par l’industrie, depuis la formation continue des médecins, qu’elle finance, les congrès, qu’elle soutient, l’information, qu’elle contrôle, la promotion qu’elle assure, l’expertise qu’elle noyaute.
Une phrase suggérant de supprimer la visite médicale dans une interview sur le sujet m’a valu une mise en examen pour diffamation, comme si l’on cherchait à maintenir le statu quo par intimidation judiciaire, alors même que l’interdiction de la visite médicale fait partie des recommandations de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales).
Ce qui se joue dans cette affaire est fondamental. Au moment où l’on traque les déficits publics, dans une situation socialement si difficile, se pose une question simple : le choix entre rogner sur des prestations indispensables aux plus vulnérables ou chercher à économiser 5 à 10 milliards d’euros sur des dépenses pharmaceutiques parmi les plus élevées au mondes, incluant des médicaments, comme le rappelle ce livre, et comme l’a démontré le scandale du médiator, au mieux inutiles ou efficaces, au pire dangereux. Le livre s’interroge à juste titre sur les pilules de troisième génération dans lesquelles le rapport "bénéfices-risques" est certainement biaisé par les bénéfices sonnants et trébuchants qu’en tire l’industrie.
Il est d’ailleurs intéressant de mettre cela en relation avec l’étude récente qui remet en cause les bienfaits supposés des oméga 3, dont on fait grand cas depuis une quinzaine d’années et qui a surtout permis à certains d’en faire leur beurre !
Ce pavé va-t-il disparaître dans la mare ou avoir un effet salutaire ? Il y a là l’occasion en or de démontrer qu’on peut sauver notre modèle social en s’attaquant à une source de dépenses considérable sans abaisser le niveau de protection. Pour saisir cette occasion, il faudrait prescrire d’urgence une dose de "couragine" et un cachet de "lucidox", deux médicaments qui ne figurent pas dans le guide des médicaments inutiles.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/625271-medicaments-inutiles-comment-5-a-10-milliards-de-depenses-peuvent-etre-economises.html
Site de production de médicaments du laboratoire Servier, Gidy-la-Forêt
Deux professeurs de médecine, qui ont l’âge de ne plus avoir rien à perdre nous livrent leur diagnostic des "Indignés du médicament" en jetant un pavé dans la mare des médicaments. Il faut se réjouir de leur vigoureuse initiative. Philippe Even ne mâche pas ses mots et il ne sert pas sa potion avec le dos de la cuiller. Jugez en vous-même : "l’industrie pharmaceutique est la plus lucrative, la plus cynique et la moins éthique de toutes les industries".
Vont-ils être poursuivis au pénal ? Au moment où éclatait le scandale du médiator, j’avais dénoncé la pression qui s’exerce sur l’ensemble des acteurs médicaux par l’industrie, depuis la formation continue des médecins, qu’elle finance, les congrès, qu’elle soutient, l’information, qu’elle contrôle, la promotion qu’elle assure, l’expertise qu’elle noyaute.
Une phrase suggérant de supprimer la visite médicale dans une interview sur le sujet m’a valu une mise en examen pour diffamation, comme si l’on cherchait à maintenir le statu quo par intimidation judiciaire, alors même que l’interdiction de la visite médicale fait partie des recommandations de l’IGAS (inspection générale des affaires sociales).
Ce qui se joue dans cette affaire est fondamental. Au moment où l’on traque les déficits publics, dans une situation socialement si difficile, se pose une question simple : le choix entre rogner sur des prestations indispensables aux plus vulnérables ou chercher à économiser 5 à 10 milliards d’euros sur des dépenses pharmaceutiques parmi les plus élevées au mondes, incluant des médicaments, comme le rappelle ce livre, et comme l’a démontré le scandale du médiator, au mieux inutiles ou efficaces, au pire dangereux. Le livre s’interroge à juste titre sur les pilules de troisième génération dans lesquelles le rapport "bénéfices-risques" est certainement biaisé par les bénéfices sonnants et trébuchants qu’en tire l’industrie.
Il est d’ailleurs intéressant de mettre cela en relation avec l’étude récente qui remet en cause les bienfaits supposés des oméga 3, dont on fait grand cas depuis une quinzaine d’années et qui a surtout permis à certains d’en faire leur beurre !
Ce pavé va-t-il disparaître dans la mare ou avoir un effet salutaire ? Il y a là l’occasion en or de démontrer qu’on peut sauver notre modèle social en s’attaquant à une source de dépenses considérable sans abaisser le niveau de protection. Pour saisir cette occasion, il faudrait prescrire d’urgence une dose de "couragine" et un cachet de "lucidox", deux médicaments qui ne figurent pas dans le guide des médicaments inutiles.
http://leplus.nouvelobs.com/contribution/625271-medicaments-inutiles-comment-5-a-10-milliards-de-depenses-peuvent-etre-economises.html