François Manceau, tapissier chesnaysien, travaille sur tous les types de fauteuils et canapés, de style ou contemporains, pour les garnir et les recouvrir de tissu ou de cuir. La rédaction d’Evénements l’a rencontré à l’occasion de la fabrication du fauteuil « Voltaire » réalisé spécialement pour la nouvelle émission de la ville « Le Chesnay Mag’ »*
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Chaque pièce est originale, chaque meuble
est sur mesure ...»
Comment définiriez-vous votre métier ?
Le métier de tapissier consiste à restaurer le patrimoine historique avec le savoir-faire de l’époque. Pour restaurer un fauteuil, le tapissier procède au garnissage avec du crin de cheval, puis fixe le tissu sur la carcasse du siège et le décore par la pose de passementerie (galons, franges). Il réalise aussi tous les travaux de couture d’une décoration d’intérieur : voilages, rideaux, tentures murales, dessus-de-lit, housses, coussins. Le tapissier peut aussi s’occuper de la pose de moquettes, tapis, stores ou même de tableaux et de miroirs. L’échange avec le client est un moment privilégié pour créer l’objet ou le décor qui les accompagnera de longues années. Chaque pièce est originale, chaque meuble est sur mesure et c’est ce qui est passionnant dans mon métier.
Comment devient-on tapissier ?
En fait, j’ai toujours voulu être tapissier. Dès 1967, j’ai été pris comme apprenti tapissier dans une entreprise familiale de décoration à Versailles pendant 3 ans où j’ai été formé à la réfection de fauteuils et à la pose de rideaux, tentures murales et moquettes tendues. Parallèlement, je suivais des cours d’histoire de l’art. En 1979, je me suis installé au Chesnay et je travaille pour deux types de clientèles : les particuliers qui me demandent principalement de restaurer des fauteuils et des canapés, de confectionner des rideaux, et une catégorie d’hôtellerie de luxe pour des travaux d’embellissement pour lesquels j’embauche ponctuellement, mais régulièrement d’autres artisans.
Quels sont pour vous les gros travaux ?
Je me souviens d’un de mes premiers grands chantiers au Mont-Saint-Michel pour la remise aux normes du célèbre Hôtel de la Mère Poulard : tentures murales dans toutes les chambres, dessus de lits, rideaux, moquettes, mais aussi dans les salles du restaurant, du billard… Et pour transformer sa propre maison en l’intégrant dans l’hôtel ! Actuellement, je travaille pour la Préfecture des Yvelines, le Conseil général des Yvelines, des relais-châteaux, des hôtels parisiens et en province…
Quelles sont vos techniques ?
Je travaille de façon traditionnelle : sur des fauteuils anciens, je choisis des tissus en fonction de l’époque, de la qualité mais les gestes sont les mêmes depuis des siècles. Je continue à utiliser un marteau appelé « ramponeau » que mon premier maître d’apprentissage m’a donné, du crin de cheval, des aiguilles courbes, des ciseaux conséquents, des clous appelés semences que j’ai dans la bouche et que je pose sur mon marteau aimanté… Pour faire un fauteuil, il faut compter deux jours en moyenne entre la coupe des tissus, les coutures, le montage de la garniture avec les différentes couches de crin… Je fabrique de mes mains ce que je conçois avec mes clients.
Quel est le travail le plus difficile ?
C’est la mise en crin puisque le crin de cheval est une fibre naturelle qui nécessite un geste de la main que l’on acquiert au fil des ans. Il doit être comme un nuage et mélangé de manière égale. Chaque poignée de crin est différente sur un fauteuil et le toucher reste essentiel.
Comment a évolué votre métier depuis vos débuts ?
Malheureusement, le métier de tapissier est en train de s’éteindre doucement mais sûrement alors que la demande existe réellement. Je ne peux pas satisfaire les demandes immédiatement et suis obligé d’annoncer un long délai. Nous ne sommes plus que 2 tapissiers au Chesnay alors que nous étions encore 6 il y a quelques années. C’est un métier passion, très prenant, qui nécessite une culture « du beau, de l’excellence ». Depuis les années 1990, je ne vois plus de jeunes intéressés, alors que la demande reste constante. Par ailleurs, on peut dire que notre métier se féminise et l’arrivée des femmes permet d’apporter un autre regard sur notre métier et nos techniques.
Quels travaux avez-vous effectués pour la ville du Chesnay ?
En 2009, au moment de l’ouverture de La grande Scène du Chesnay, j’ai été contacté par la direction de ce théâtre pour effectuer le brigadier, bâton avec lequel on frappe les trois coups sur le plancher de la scène, juste avant le début d’une représentation, pour attirer l’attention du public. Comme le veut la tradition, il a été fait en bois et décoré du velours rouge du rideau, dans un temps record de fabrication : une après-midi ! Cette année, je suis intervenu sur le fauteuil violon dit « Voltaire » après qu’il soit réparé et peint par Charles-Henri Savouré, ébéniste chesnaysien, dans le style scénique de l’émission Le Chesnay Mag’. Je suis allé dans le faubourg St-Antoine à Paris pour trouver des clous rouge et un tissu spécifique qui ne soit pas trop traditionnel et qui capte la lumière. Ce fut pour mon plus grand plaisir, un travail nouveau avec une réelle recherche de créativité ■
http://www.lechesnay.fr/portraits/tapissier-un-mtier-dart/