Une affiche apposée en début de semaine sur les tableaux de service a annoncé un challenge "lutte anti-fraude" dans les TER de la région, du 1er novembre au 31 décembre, avec pour récompense "10 cadeaux à choisir parmi un netbook, une console de jeux, un appareil photo numérique" et "40 chèques cadeaux d'une valeur de 30 euros".
Les gagnants szeont ceux qui auront notamment découvert "le plus grand nombre de cartes et abonnements falsifiés ou utilisés par un tiers".
"C'est la première fois que ça arrive", a réagi avec colère Didier Barra, délégué CGT des contrôleurs de la région Centre, commentant l'information révélée par le site Rue89 jeudi. "Ils ont déjà monté des challenges comme ça du côté du guichet, ça peut se comprendre, mais de là à organiser un challenge sur la fraude, on n'avait jamais vu ça, c'est n'importe quoi, on ne savait pas que la boîte pouvait aller jusque là", a-t-il déclaré à l'AFP.
La colère est d'autant plus grande, explique le syndicaliste, que les syndicats sortent d'un mouvement lié à des agressions de contrôleurs dans les TER. "Il y a un taux de fraude important, mais l'entreprise se l'est créé elle-même: avec moins de personnel, les trains sont moins contrôlés, et avec le nouveau cadencement, un agent seul ne peut pas contrôler tout le train tellement il est plein", assure M. Barra.
La CGT a appelé à "boycotter ce style de challenge". "Il est hors de question d'entrer dans ce jeu-là", a commenté M. Barra.
Pour l'Association des usagers des chemins de fer de la région Ouest (AVUC), il s'agit d'un "énième délire dans le management de la SNCF".
Cette mesure "pousse-au-zèle" risque "d'accroître les tensions entre les usagers et les personnels de contrôle" et de provoquer des incidents, a affirmé Willy Colin, porte-parole de l'AVUC. "Donner des récompenses futiles pour glaner quelques centaines d'euros, c'est stupide", a-t-il poursuivi. "On dit à la SNCF, soyez sérieux, revenez à l'essentiel, à votre mission d'information et de sécurité" des usagers, a-t-il ajouté.
La direction régionale de la SNCF affirme de son côté qu'il ne s'agit pas d'une "prime au PV" mais d'un "challenge d'équipe" pour "sensibiliser aux falsifications d'abonnements et de billets qui sont de plus en plus efficaces".
"On n'est pas sur une prime au PV ou au développement du chiffre d'affaires, on est sur une émulation d'équipe, l'objectif n'est pas autre chose que de faire bien son métier et le contrôle fait partie des gestes du métier", a affirmé la direction régionale.