Après l'hémorragie de la clientèle et ses conséquences sur l'activité des opérateurs historiques, l'intrusion de Free dans le mobile cause un début de concentration, avec le rachat de Darty Telecom par Bouygues.
Déperdition de clientèle
Au premier trimestre, Orange France a subi 2,3 millions de résiliations, en partie compensées par l'arrivée de 1,7 million de nouveaux clients, ce qui représente une perte nette de 615.000 clients, contre une perte de 219.000 clients au premier trimestre 2011. Le recul du nombre de clients est de 0,7% sur un an, souligne le groupe.
Au début du mois d'avril, SFR, pour sa part, estimait avoir perdu 200.000 clients depuis l'arrivée de Free Mobile début 2012.
Bouygues Telecom a annoncé fin février qu'entre le 31 décembre 2011 et le 15 février 2012, il avait enregistré 525.000 résiliations brutes d'abonnés, dont 134.000 ont demandé la portabilité vers Free. Dans le même temps, l'opérateur avait gagné 366.000 nouveaux clients, ce qui en variation nette a contracté son portefeuille de téléphonie mobile de 159.000 clients.
Aujourd'hui la saignée s'est calmée. Bouygues Telecom et France Télécom ont même constaté un retour dans leur giron de quelques déçus de Free.
À fin mars, moins de 3 mois après le lancement de ses forfaits, Free Mobile aurait déjà atteint le cap des 3 millions d'abonnés, d'après La Tribune qui s'appuie sur des sources industrielles concordantes.
L'impact financier de l'intrusion de Free
L'exode des clients et les baisses de tarifs ne seront pas indolores au niveau financier. Bouygues Télécom publiera le 15 mai son chiffre d'affaires pour le premier trimestre, mais l'opérateur prévoit d'ores et déjà un recul de 10% de ses ventes en 2012.
En présentant ses résultats annuels, Vivendi, maison mère de SFR, a fait montre d'une grande prudence pour 2012 et 2013. Une réaction que les analystes du CM-CIC Securities ont souligné en estimant que l'opérateur s'apprête à pâtir "du durcissement de la concurrence". Le PDG du groupe, Jean-Bernard Lévy affirme que SFR a particulièrement souffert. Son résultat brut d'exploitation (Ebitda) devrait baisser de 12% à 15% en 2012, d'après ses dires. Pour 2011 cette filiale accuse un recul de plus de 3% de ses ventes, lié à la majoration de la TVA dans les télécoms mais aussi à l'arrivée de Free sur le marché.
Orange, de son côté, est soutenu par son accord d'itinérance. France Télécom a annoncé une baisse d'activité et de sa rentabilité opérationnelle en raison de la perte de ses clients mobiles.Mais l'opérateur a un atout que n'ont pas les autre opérateurs: le contrat d'itinérance 2G et 3G signé avec Free Mobile qui lui permet d'accéder au réseau d'Orange moyennant une contrepartie financière. Celle-ci "compense partiellement le recul du chiffre d'affaires" au premier trimestre, affirme le groupe. D'autant que l'intensité du trafic de Free va gonfler les revenus attendus. Lors de sa signature en mars 2011, ce contrat prévoyait de rapporter 1 milliard d'euros sur 6 ans à France Télécom. Aujourd'hui, "la mise en oeuvre du contrat depuis le lancement des offres commerciales de Free Mobile en janvier 2012 amène le groupe à anticiper des revenus substantiellement plus élevés qui devraient dépasser le milliard d'euros sur 3 ans".
Free mobile pourrait mettre l'emploi en danger
L'Autorité française des télécoms (Arcep) évalue à près de 10.000 le nombre d'emplois susceptibles d'être détruits, tout en estimant que ces suppressions de postes pourraient se faire sans licenciements via des départs non remplacés.
FO estime, pour sa part, que cette évaluation est en deçà de la réalité, et ce sont 30.000 à 60.000 emplois directs ou indirects qui seraient menacés. Un avis partagé par Stéphane Dubreuil, directeur du cabinet Sia conseil, qui pense que "l'Arcep, qui ne calcule que les emplois directs, sous-évalue les chiffres". "Tout le monde s'accorde à dire que c'est autour de 30.000 emplois qui seront perdus sous deux à trois ans, soit à peu près 10%" du secteur, affirme M. Dubreuil, évoquant une estimation "a minima". Quant au syndicat patronal des centres d'appel externes SP2C, il a de fait estimé que "jusqu'à 10.000 emplois" étaient en péril dans ce périmètre qui emploie "près de 64.000 salariés".
Chez SFR, où des premières mesures ont été annoncées fin mars, les organisations s'attendent à la présentation d'un plan stratégique en juin et redoutent des conséquences sociales.Chez Orange, les syndicats ne sont pas montés au créneau sur l'emploi, mais l'observatoire du stress et des mobilités forcées, créé par des syndicats, s'inquiète des plans de réorganisation et notamment du projet "Nova plus", qui concerne la recherche et développement (4.000 salariés, sur les 100.000 en France). Jean-Paul Gristi (CGT) estime toutefois qu'il faut "relativiser l'effet de Free, les autres opérateurs annonçant une stabilisation de leur parc de clients" et une fin de "l'hémorragie". Pour le syndicaliste, "sous prétexte de l'arrivée de Free, les opérateurs ont annoncé un certain nombre de plans de réduction de coûts disproportionnés".
Début de concentration du marché
Bouygues Telecom annonce ce jeudi l'amorce d'un mouvement de consolidation en rachetant l'activité télécoms du groupe d'électroménager Darty. En mettant la main sur cette activité pour un montant non dévoilé, Bouygues Telecom va d'abord s'accaparer les 300.000 abonnés de téléphonie fixe (un tiers de clients très haut débit, deux tiers de clients ADSL) et les 40.000 abonnés mobile de Darty qui s'était lancé en 2006 dans l'aventure des télécoms avec le fixe d'abord puis le mobile.
Le groupe d'électroménager va également offrir un nouveau canal de distribution pour Bouygues Telecom en distribuant dans ses 226 magasins français l'ensemble des offres fixes et mobiles de l'opérateur et en prenant en charge le service client des offres Bouygues Telecom souscrites dans ses magasins, tout en continuant à commercialiser parallèlement la marque Darty.
http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/l-impact-de-free-mobile-sur-les-trois-grands-operateurs_293248.html#xtor=RSS-3007
Déperdition de clientèle
Au premier trimestre, Orange France a subi 2,3 millions de résiliations, en partie compensées par l'arrivée de 1,7 million de nouveaux clients, ce qui représente une perte nette de 615.000 clients, contre une perte de 219.000 clients au premier trimestre 2011. Le recul du nombre de clients est de 0,7% sur un an, souligne le groupe.
Au début du mois d'avril, SFR, pour sa part, estimait avoir perdu 200.000 clients depuis l'arrivée de Free Mobile début 2012.
Bouygues Telecom a annoncé fin février qu'entre le 31 décembre 2011 et le 15 février 2012, il avait enregistré 525.000 résiliations brutes d'abonnés, dont 134.000 ont demandé la portabilité vers Free. Dans le même temps, l'opérateur avait gagné 366.000 nouveaux clients, ce qui en variation nette a contracté son portefeuille de téléphonie mobile de 159.000 clients.
Aujourd'hui la saignée s'est calmée. Bouygues Telecom et France Télécom ont même constaté un retour dans leur giron de quelques déçus de Free.
À fin mars, moins de 3 mois après le lancement de ses forfaits, Free Mobile aurait déjà atteint le cap des 3 millions d'abonnés, d'après La Tribune qui s'appuie sur des sources industrielles concordantes.
L'impact financier de l'intrusion de Free
L'exode des clients et les baisses de tarifs ne seront pas indolores au niveau financier. Bouygues Télécom publiera le 15 mai son chiffre d'affaires pour le premier trimestre, mais l'opérateur prévoit d'ores et déjà un recul de 10% de ses ventes en 2012.
En présentant ses résultats annuels, Vivendi, maison mère de SFR, a fait montre d'une grande prudence pour 2012 et 2013. Une réaction que les analystes du CM-CIC Securities ont souligné en estimant que l'opérateur s'apprête à pâtir "du durcissement de la concurrence". Le PDG du groupe, Jean-Bernard Lévy affirme que SFR a particulièrement souffert. Son résultat brut d'exploitation (Ebitda) devrait baisser de 12% à 15% en 2012, d'après ses dires. Pour 2011 cette filiale accuse un recul de plus de 3% de ses ventes, lié à la majoration de la TVA dans les télécoms mais aussi à l'arrivée de Free sur le marché.
Orange, de son côté, est soutenu par son accord d'itinérance. France Télécom a annoncé une baisse d'activité et de sa rentabilité opérationnelle en raison de la perte de ses clients mobiles.Mais l'opérateur a un atout que n'ont pas les autre opérateurs: le contrat d'itinérance 2G et 3G signé avec Free Mobile qui lui permet d'accéder au réseau d'Orange moyennant une contrepartie financière. Celle-ci "compense partiellement le recul du chiffre d'affaires" au premier trimestre, affirme le groupe. D'autant que l'intensité du trafic de Free va gonfler les revenus attendus. Lors de sa signature en mars 2011, ce contrat prévoyait de rapporter 1 milliard d'euros sur 6 ans à France Télécom. Aujourd'hui, "la mise en oeuvre du contrat depuis le lancement des offres commerciales de Free Mobile en janvier 2012 amène le groupe à anticiper des revenus substantiellement plus élevés qui devraient dépasser le milliard d'euros sur 3 ans".
Free mobile pourrait mettre l'emploi en danger
L'Autorité française des télécoms (Arcep) évalue à près de 10.000 le nombre d'emplois susceptibles d'être détruits, tout en estimant que ces suppressions de postes pourraient se faire sans licenciements via des départs non remplacés.
FO estime, pour sa part, que cette évaluation est en deçà de la réalité, et ce sont 30.000 à 60.000 emplois directs ou indirects qui seraient menacés. Un avis partagé par Stéphane Dubreuil, directeur du cabinet Sia conseil, qui pense que "l'Arcep, qui ne calcule que les emplois directs, sous-évalue les chiffres". "Tout le monde s'accorde à dire que c'est autour de 30.000 emplois qui seront perdus sous deux à trois ans, soit à peu près 10%" du secteur, affirme M. Dubreuil, évoquant une estimation "a minima". Quant au syndicat patronal des centres d'appel externes SP2C, il a de fait estimé que "jusqu'à 10.000 emplois" étaient en péril dans ce périmètre qui emploie "près de 64.000 salariés".
Chez SFR, où des premières mesures ont été annoncées fin mars, les organisations s'attendent à la présentation d'un plan stratégique en juin et redoutent des conséquences sociales.Chez Orange, les syndicats ne sont pas montés au créneau sur l'emploi, mais l'observatoire du stress et des mobilités forcées, créé par des syndicats, s'inquiète des plans de réorganisation et notamment du projet "Nova plus", qui concerne la recherche et développement (4.000 salariés, sur les 100.000 en France). Jean-Paul Gristi (CGT) estime toutefois qu'il faut "relativiser l'effet de Free, les autres opérateurs annonçant une stabilisation de leur parc de clients" et une fin de "l'hémorragie". Pour le syndicaliste, "sous prétexte de l'arrivée de Free, les opérateurs ont annoncé un certain nombre de plans de réduction de coûts disproportionnés".
Début de concentration du marché
Bouygues Telecom annonce ce jeudi l'amorce d'un mouvement de consolidation en rachetant l'activité télécoms du groupe d'électroménager Darty. En mettant la main sur cette activité pour un montant non dévoilé, Bouygues Telecom va d'abord s'accaparer les 300.000 abonnés de téléphonie fixe (un tiers de clients très haut débit, deux tiers de clients ADSL) et les 40.000 abonnés mobile de Darty qui s'était lancé en 2006 dans l'aventure des télécoms avec le fixe d'abord puis le mobile.
Le groupe d'électroménager va également offrir un nouveau canal de distribution pour Bouygues Telecom en distribuant dans ses 226 magasins français l'ensemble des offres fixes et mobiles de l'opérateur et en prenant en charge le service client des offres Bouygues Telecom souscrites dans ses magasins, tout en continuant à commercialiser parallèlement la marque Darty.
http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/l-impact-de-free-mobile-sur-les-trois-grands-operateurs_293248.html#xtor=RSS-3007