Article de Sciences et Avenir du 08-10-2012
Médecine: le pire du Nobel
Les noms de John B. Gurdon et Shinya Yamanaka s'ajoutent désormais à la liste des savants honorés par la Fondation Nobel (créée en 1900). Et derrière les "nobélisés", il y a parfois des histoires assez rocambolesques...
Les histoires folles derrière les Nobel SIPA/ Sciences et Avenir
BÛCHERON
Certains Nobélisé ont « donné de leur personne pour la science » selon la formule consacrée. C’est le cas de Werner Forssmann, pour le moins convaincu de l’importance de ses recherches sur l’ancêtre du cathéter. En l’absence de cobaye, il s’est lui-même passé un petit tuyau de caoutchouc dans la veine du bras, jusqu'à atteindre l’oreillette droite de son cœur ! Ce dispositif très usité en médecine de nos jours afin d’explorer les organes ou leur administrer directement un médicament lui permit de remporter le prix Nobel en 1956. A l’époque il n’était déjà plus médecin car il avait perdu sa clientèle, effrayée par ses travaux et était devenu bûcheron depuis une dizaine d’années.
BOUCHER
En 1949 le jury récompense le portugais Antonio Egas-Moniz pour… ses lobotomies de malades mentaux. La même année, plus de 5000 américains sont traités avec la méthode du bon docteur. Quelle est-elle ? Elle consistait à introduire, sans anesthésie, une fine spatule juste au-dessus du globe oculaire jusqu’à ce qu’elle touche son cerveau. Puis d’un petit mouvement latéral de droite à gauche, le praticien fallait détacher l'avant du cortex du reste du cerveau. Gore.
TARDIF
Barbara McClintock a finalement été récompensé en 1983 à l’âge canonique de quatre-vingt-un ans soit près de 40 ans après ses travaux. Elle s’était intéressée aux « gènes sauteurs ». Ces morceaux d’ADN qui se « baladent » dans le génome et permettent une adaptabilité de notre patrimoine génétique car ils révèlent une formidable capacité d’évolution.
AVIAIRE
En 1929, Christiaan Eijkman fût envoyé à Jakarta. Sa mission: découvrir les causes du béri-béri, une maladie qui se traduit par une grande faiblesse de l'organisme. Le doc comprendra que ce phénomène est dû à une carence en vitamine B1 en constatant qu'une poule nourrie avec du riz blanc souffrait de cette affection quand une autre volaille, qui mangeait le riz complet, se portaient comme un charme. Il décida donc de donner du riz, sans en enlever l'enveloppe (le péricarpe), à ses malades et fût heureux de constater qu’ils guérissaient rapidement.
VEINARD
Alexander Fleming avait oublié de refermer un échantillon de culture de bactérie. Il découvre au retour de ses vacances que les staphylocoques se réduisaient petit à petit sous l’effet d’une étrange toxine synthétisée par des moisissures appelées Pénicillium. C’est donc tout à fait par hasard qu’il fût le premier a observé ce phénomène en 1928. Bien lui en a pris puisque sa découverte deviendra un futur traitement contre les pneumonies, otites et autres méningites. C’est en 1945 qu’il recevra le prix Nobel.
INJUSTE
Certains prix n’ont pas été attribués à leur vrai découvreur. Ainsi notamment la streptomycine, un antibiotique, a été isolée par Albert Shatz, l'assistant de Selman Waksmann. Ce dernier, pas vraiment beau joueur, a tout simplement exclu le jeune Albert du travail présenté au jury du Prix Nobel de physiologie ou médecine - comme on l'appelait encore en 1952. Shatz ne recevra aucune distinction et n’aura pas de droit sur les futurs brevets d’une molécule toujours usitée par l’industrie du médicament.
Médecine: le pire du Nobel
Les noms de John B. Gurdon et Shinya Yamanaka s'ajoutent désormais à la liste des savants honorés par la Fondation Nobel (créée en 1900). Et derrière les "nobélisés", il y a parfois des histoires assez rocambolesques...
Les histoires folles derrière les Nobel SIPA/ Sciences et Avenir
BÛCHERON
Certains Nobélisé ont « donné de leur personne pour la science » selon la formule consacrée. C’est le cas de Werner Forssmann, pour le moins convaincu de l’importance de ses recherches sur l’ancêtre du cathéter. En l’absence de cobaye, il s’est lui-même passé un petit tuyau de caoutchouc dans la veine du bras, jusqu'à atteindre l’oreillette droite de son cœur ! Ce dispositif très usité en médecine de nos jours afin d’explorer les organes ou leur administrer directement un médicament lui permit de remporter le prix Nobel en 1956. A l’époque il n’était déjà plus médecin car il avait perdu sa clientèle, effrayée par ses travaux et était devenu bûcheron depuis une dizaine d’années.
BOUCHER
En 1949 le jury récompense le portugais Antonio Egas-Moniz pour… ses lobotomies de malades mentaux. La même année, plus de 5000 américains sont traités avec la méthode du bon docteur. Quelle est-elle ? Elle consistait à introduire, sans anesthésie, une fine spatule juste au-dessus du globe oculaire jusqu’à ce qu’elle touche son cerveau. Puis d’un petit mouvement latéral de droite à gauche, le praticien fallait détacher l'avant du cortex du reste du cerveau. Gore.
TARDIF
Barbara McClintock a finalement été récompensé en 1983 à l’âge canonique de quatre-vingt-un ans soit près de 40 ans après ses travaux. Elle s’était intéressée aux « gènes sauteurs ». Ces morceaux d’ADN qui se « baladent » dans le génome et permettent une adaptabilité de notre patrimoine génétique car ils révèlent une formidable capacité d’évolution.
AVIAIRE
En 1929, Christiaan Eijkman fût envoyé à Jakarta. Sa mission: découvrir les causes du béri-béri, une maladie qui se traduit par une grande faiblesse de l'organisme. Le doc comprendra que ce phénomène est dû à une carence en vitamine B1 en constatant qu'une poule nourrie avec du riz blanc souffrait de cette affection quand une autre volaille, qui mangeait le riz complet, se portaient comme un charme. Il décida donc de donner du riz, sans en enlever l'enveloppe (le péricarpe), à ses malades et fût heureux de constater qu’ils guérissaient rapidement.
VEINARD
Alexander Fleming avait oublié de refermer un échantillon de culture de bactérie. Il découvre au retour de ses vacances que les staphylocoques se réduisaient petit à petit sous l’effet d’une étrange toxine synthétisée par des moisissures appelées Pénicillium. C’est donc tout à fait par hasard qu’il fût le premier a observé ce phénomène en 1928. Bien lui en a pris puisque sa découverte deviendra un futur traitement contre les pneumonies, otites et autres méningites. C’est en 1945 qu’il recevra le prix Nobel.
INJUSTE
Certains prix n’ont pas été attribués à leur vrai découvreur. Ainsi notamment la streptomycine, un antibiotique, a été isolée par Albert Shatz, l'assistant de Selman Waksmann. Ce dernier, pas vraiment beau joueur, a tout simplement exclu le jeune Albert du travail présenté au jury du Prix Nobel de physiologie ou médecine - comme on l'appelait encore en 1952. Shatz ne recevra aucune distinction et n’aura pas de droit sur les futurs brevets d’une molécule toujours usitée par l’industrie du médicament.