Le PDG du groupe Bouygues a envoyé une lettre aux parlementaires pour demander que le contrat d'itinérance entre Orange et Free Mobile ne soit pas renouvelé en 2018 ni élargi à la 4G.
Free Mobile, voilà l'ennemi. Alors que Bouygues Télécom vient d'annoncer la suppression de 556 postes, le patron de la maison mère, Martin Bouygues, appelle les parlementaires à l'aide. Il a envoyé une lettre de 7 pages aux sénateurs et aux députés pour dénoncer la responsabilité de l'opérateur mobile de Xavier Niel dans cette restructuration et mettre en cause le contrat d'itinérance passé avec Orange. Un contrat pourtant validé par l'Arcep et indirectement par l'Etat, premier actionnaire de France Télécom. Or ce contrat serait, selon lui, la source de tous les maux...
"La principale explication du déséquilibre actuel du marché mobile réside dans le fait que le quatrième entrant est le premier et le seul opérateur en France à bénéficier, grâce au contrat d'itinérance 3G qui le lie à Orange, de la possibilité de n'investir dans son réseau mobile que là où il est sûr que c'est rentable, explique-t-il en effet. Cet opérateur n'a donc pas les mêmes contraintes d'investissement que ses trois concurrents. Il a pu n'investir dans son réseau mobile que 142 millions d'euros en 2011 alors qu'il aurait du être en phase d'investissement intense. Pendant cette même période, un opérateur comme Bouygues Telecom a consacré près de 600 millions à son propre réseau pour simplement le compléter et le moderniser".
A partir de là, le patron du troisième opérateur mobile formule deux exigences. Premièrement, "que les pouvoirs publics - le régulateur (l'Arcep) comme l'État actionnaire - expriment sans tarder, de la façon la plus claire et ferme, que cet accord d'itinérance 3G n'a pas vocation à être renouvelé et que parvenu à son terme". Autrement dit, en 2018. D'ici là, il demande par ailleurs que ce contrat d'itinérance ne soit pas élargi à la 4G. Martin Bouygues estimer en effet que "c'est la seule façon d'inciter le quatrième opérateur à lancer réellement ses investissements dans son réseau mobile, investissements qui engendreront de l'emploi et qui rétabliront l'égalité concurrentielle".
Free a-t-il assez investi?
Cette accusation de sous-investissement n'est pas nouvelle. L'Expansion.com s'était penché sur la question dès le mois de mars. Et de fait, les montants mis en avant par Free sont nettement inférieurs à ceux que Bouygues a consacré à la mise en place de son réseau mobile quand il est arrivé sur le marché plusieurs années après Orange. Selon un rapport du Senat de juin 2007, le troisième opérateur avait déjà dépensé un cumul de 800 millions d'euros en 1997 (hors achat de licence) au bout de trois ans, soit le double de Free Mobile. Sur ses neuf premières années d'existence, il totalise un investissement de 5,6 milliards d'euros. On est donc effectivement bien au delà du milliard d'euros envisagé par Free Mobile.
Mais cette différence s'explique au moins en partie parce que les technologies ont évolué et que certains équipements de réseau sont aujourd'hui moins coûteux. De plus Bouygues s'est lancé sans accord d'itinérance, et sans backbone, autrement dit sans coeur de réseau à haut débit auquel raccorder les antennes radio. Ne disposant pas d'un réseau fixe pour transporter les communications, Bouygues ne pouvait compter au départ que sur son propre réseau cellulaire, qu'il a dû déployer plus vite. Il s'est doté d'un backbone IP en 2000-2001. Free, lui, s'est lancé dans le mobile en ayant déjà une infrastructure ADSL et fibre.
L'accord d'itinérance n'expliquerait pas tout
Enfin, l'accord d'itinérance passé avec Orange est quand même coûteux pour Free: un milliard d'euros sur trois ans. Xavier Niel ne manque d'ailleurs pas une occasion de rappeler qu'il a intérêt à déployer son propre réseau le plus rapidement possible pour arrêter de payer. Reste que ce contrat d'itinérance, indispensable à son lancement, n'est peut-être pas le principal avantage financier que lui ait accordé l'Arcep. En tant que nouvel entrant, il bénéficie en effet temporairement d'un avantage important sur les tarifs d'interconnexion mobile. Il s'agit du droit de péage facturé chaque fois qu'un appel ou qu'un SMS parvient à un de ses abonnés en provenance d'un réseau concurrent. Or ce tarif dit "de terminaison d'appel" imposé par Free est actuellement plus élevé de 60% (pour les communications téléphoniques) et de 90% ( pour les SMS) que celui facturé par ses concurrents. Alors, certes, ce bonus financier a vocation à être réduit progressivement avant de disparaître. Mais il ne serait pas pour rien dans la capacité de Free à casser les prix. Le patron d'Orange a ainsi estimé que son forfait à 19,90 euros était subventionné à hauteur de 10 euros par les autres opérateurs...
http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/martin-bouygues-lance-une-attaque-contre-free-au-parlement_313017.html#xtor=RSS-3007
Free Mobile, voilà l'ennemi. Alors que Bouygues Télécom vient d'annoncer la suppression de 556 postes, le patron de la maison mère, Martin Bouygues, appelle les parlementaires à l'aide. Il a envoyé une lettre de 7 pages aux sénateurs et aux députés pour dénoncer la responsabilité de l'opérateur mobile de Xavier Niel dans cette restructuration et mettre en cause le contrat d'itinérance passé avec Orange. Un contrat pourtant validé par l'Arcep et indirectement par l'Etat, premier actionnaire de France Télécom. Or ce contrat serait, selon lui, la source de tous les maux...
"La principale explication du déséquilibre actuel du marché mobile réside dans le fait que le quatrième entrant est le premier et le seul opérateur en France à bénéficier, grâce au contrat d'itinérance 3G qui le lie à Orange, de la possibilité de n'investir dans son réseau mobile que là où il est sûr que c'est rentable, explique-t-il en effet. Cet opérateur n'a donc pas les mêmes contraintes d'investissement que ses trois concurrents. Il a pu n'investir dans son réseau mobile que 142 millions d'euros en 2011 alors qu'il aurait du être en phase d'investissement intense. Pendant cette même période, un opérateur comme Bouygues Telecom a consacré près de 600 millions à son propre réseau pour simplement le compléter et le moderniser".
A partir de là, le patron du troisième opérateur mobile formule deux exigences. Premièrement, "que les pouvoirs publics - le régulateur (l'Arcep) comme l'État actionnaire - expriment sans tarder, de la façon la plus claire et ferme, que cet accord d'itinérance 3G n'a pas vocation à être renouvelé et que parvenu à son terme". Autrement dit, en 2018. D'ici là, il demande par ailleurs que ce contrat d'itinérance ne soit pas élargi à la 4G. Martin Bouygues estimer en effet que "c'est la seule façon d'inciter le quatrième opérateur à lancer réellement ses investissements dans son réseau mobile, investissements qui engendreront de l'emploi et qui rétabliront l'égalité concurrentielle".
Free a-t-il assez investi?
Cette accusation de sous-investissement n'est pas nouvelle. L'Expansion.com s'était penché sur la question dès le mois de mars. Et de fait, les montants mis en avant par Free sont nettement inférieurs à ceux que Bouygues a consacré à la mise en place de son réseau mobile quand il est arrivé sur le marché plusieurs années après Orange. Selon un rapport du Senat de juin 2007, le troisième opérateur avait déjà dépensé un cumul de 800 millions d'euros en 1997 (hors achat de licence) au bout de trois ans, soit le double de Free Mobile. Sur ses neuf premières années d'existence, il totalise un investissement de 5,6 milliards d'euros. On est donc effectivement bien au delà du milliard d'euros envisagé par Free Mobile.
Mais cette différence s'explique au moins en partie parce que les technologies ont évolué et que certains équipements de réseau sont aujourd'hui moins coûteux. De plus Bouygues s'est lancé sans accord d'itinérance, et sans backbone, autrement dit sans coeur de réseau à haut débit auquel raccorder les antennes radio. Ne disposant pas d'un réseau fixe pour transporter les communications, Bouygues ne pouvait compter au départ que sur son propre réseau cellulaire, qu'il a dû déployer plus vite. Il s'est doté d'un backbone IP en 2000-2001. Free, lui, s'est lancé dans le mobile en ayant déjà une infrastructure ADSL et fibre.
L'accord d'itinérance n'expliquerait pas tout
Enfin, l'accord d'itinérance passé avec Orange est quand même coûteux pour Free: un milliard d'euros sur trois ans. Xavier Niel ne manque d'ailleurs pas une occasion de rappeler qu'il a intérêt à déployer son propre réseau le plus rapidement possible pour arrêter de payer. Reste que ce contrat d'itinérance, indispensable à son lancement, n'est peut-être pas le principal avantage financier que lui ait accordé l'Arcep. En tant que nouvel entrant, il bénéficie en effet temporairement d'un avantage important sur les tarifs d'interconnexion mobile. Il s'agit du droit de péage facturé chaque fois qu'un appel ou qu'un SMS parvient à un de ses abonnés en provenance d'un réseau concurrent. Or ce tarif dit "de terminaison d'appel" imposé par Free est actuellement plus élevé de 60% (pour les communications téléphoniques) et de 90% ( pour les SMS) que celui facturé par ses concurrents. Alors, certes, ce bonus financier a vocation à être réduit progressivement avant de disparaître. Mais il ne serait pas pour rien dans la capacité de Free à casser les prix. Le patron d'Orange a ainsi estimé que son forfait à 19,90 euros était subventionné à hauteur de 10 euros par les autres opérateurs...
http://lexpansion.lexpress.fr/high-tech/martin-bouygues-lance-une-attaque-contre-free-au-parlement_313017.html#xtor=RSS-3007