Article Challenge du 13-09-2012
DECRYPTAGE La firme à la pomme a dévoilé son iPhone 5, un smartphone qui ne rompt pas avec son prédécesseur. Selon les experts, Apple devrait innover avec d'autres produits.
Lancement de l'iPhone 5, le 12 septembre par Tim Cook, PDG d'Apple. (c) Sipa
Apple a dévoilé mercredi 12 septembre l'iPhone 5, son dernier smartphone censé lui redonner sa place sur un marché dominé depuis moins d'un an par le concurrent Samsung.
Plus grand, plus léger et plus puissant, le téléphone à la pomme de 6e génération n'est pas pour autant la rupture tant attendue par les fans de la firme de Cupertino. Steve Jobs les avait habitué aux révolutions technologiques à répétition. L'ère Tim Cook semble rompre avec cette tradition (voir le portrait du nouveau patron d'Apple). De quoi s'interroger sur la capacité du groupe à rebondir après la mort de son ultra charismatique PDG, fin 2011 (retour sur la vie d'une icône).
"Si Apple a une nouvelle fois montré tout son savoir-faire dans un lancement plutôt réussi, il faut bien reconnaître que le produit est relativement décevant", concède Viriginie Lazès, directrice associée chez Bryan Garnier.
Pour Philippe Torrès, responsable conseil et stratégie numérique à l'Atelier BNP Paribas, "l'iPhone 5 n'est pas une rupture majeure, mais Apple n'en a pas besoin pour rester au sommet". D'après lui, tant que tout le monde désire l'iPhone, il n'y a pas urgence : "C'est une stratégie d'objet. Je fais en sorte que les technologies évoluent en les mettant à jour pour maintenir mon prix de vente premium", précise-t-il.
Ainsi, l'iPhone intègre désormais la 4G devenue incontournable. Par contre inutile de proposer la technologie NFC. Elle n'est pas encore suffisamment opérationnelle pour être incontournable. A cela s'ajoute une "stratégie de contenu" : nouvelle version d'iTunes , suppression progressive des concurrents. Ainsi Apple retire de son offre de service Google Maps qui devient une application comme les autres, en les remplaçant par des produits maison.
La concurrence fourbit ses armes
La première capitalisation boursière du monde (628 milliards de dollars), a encore de la marge pour voir venir les rivaux. Le temps de la suprématie est toutefois compté. Les concurrents se font de plus en plus ressentir, Samsung en tête. "La sortie de l'iPhone 5 consacre Samsung comme un acteur de même niveau", selon Virginie Lazès.
Le groupe coréen domine actuellement le marché des smartphones depuis le début de l'année, grâce notamment au Galaxy S3 (voir le test en cliquant ici), qui a été vendu à plus de 20 millions d'exemplaires depuis sa sortie en mai dernier. Au total, les ventes de téléphones d'Apple sont tombées à 26 millions d'unités au deuxième trimestre, après 35 millions au premier.
En s'attaquant à Samsung, Apple pointe la concurrence de l'écosystème mis en place par Google avec Android. Pour Philippe Torrès, "la vrai stratégie d'Apple repose sur le système d'exploitation". (Lire "Le véritable concurrent d'Apple n'est pas Samsung mais Apple") Google est parvenu à créer un écosystème beaucoup plus important que celui de la firme de Cupertino. D'où l'importance majeure d'iOS6 dans le lancement de l'iPhone 5.
-> Voir la galerie photos "iPhone 5 vs Galaxy S3: dernier acte de la guerre entre Apple et Samsung"
De nouvelles voies pour l'innovation ?
L'innovation peut-elle être encore au rendez-vous ? "Nous savions que Tim Cook et ses équipes allaient maintenir le niveau technologique. Maintenant, l'iPhone 5 n'est pas un produit 'digne' de l'Apple de Steve Jobs. S'il y a les prouesses techniques et le savoir-faire, il manque l'innovation", considère Virginie Lazès.
Pour Philippe Torrès, "Apple doit davantage concentrer ses efforts de recherche et développement dans la télévision que dans l'iPhone. Sur le marché du mobile, c'est largement suffisant d'avoir un iPhone 5. La vraie rupture aura lieu ailleurs. Inutile de s'auto-concurrencer en rompant avec un nouveau produit révolutionnaire alors que l'attente pour l'iPhone est là". La télévision version Apple, voilà une prouesse technologique digne de la firme californienne. A moins que ce ne soit sur une nouvelle génération de produit entre tablette et smartphone...
Se pose enfin la question du prix. Si sur le marché des tablettes, la concurrence se fait par le prix, sur celui des smartphones, la subvention des opérateurs joue encore. "A plus de 600 euros, nous pouvons toutefois nous interroger sur la viabilité de l'iPhone, à moyen terme, avec moins de subventions de la part des opérateurs sur un marché de produits grand public", poursuit Viriginie Lazès. C'est pourquoi, pour rester compétitif, il faut être au rendez-vous de l'innovation. Aux successeurs de Steve Jobs de reprendre donc enfin le flambeau.
"Apple reste dans l'esprit des gens le meilleur. La concurrence essaie encore de s'aligner sur ses standards", concède Philippe Torrès. Mais pour combien de temps ?
http://www.challenges.fr/high-tech/20120913.CHA0804/iphone5-pourquoi-apple-a-prefere-la-continuite-a-la-rupture-avec-son-nouveau-smartphone.html
DECRYPTAGE La firme à la pomme a dévoilé son iPhone 5, un smartphone qui ne rompt pas avec son prédécesseur. Selon les experts, Apple devrait innover avec d'autres produits.
Lancement de l'iPhone 5, le 12 septembre par Tim Cook, PDG d'Apple. (c) Sipa
Apple a dévoilé mercredi 12 septembre l'iPhone 5, son dernier smartphone censé lui redonner sa place sur un marché dominé depuis moins d'un an par le concurrent Samsung.
Plus grand, plus léger et plus puissant, le téléphone à la pomme de 6e génération n'est pas pour autant la rupture tant attendue par les fans de la firme de Cupertino. Steve Jobs les avait habitué aux révolutions technologiques à répétition. L'ère Tim Cook semble rompre avec cette tradition (voir le portrait du nouveau patron d'Apple). De quoi s'interroger sur la capacité du groupe à rebondir après la mort de son ultra charismatique PDG, fin 2011 (retour sur la vie d'une icône).
"Si Apple a une nouvelle fois montré tout son savoir-faire dans un lancement plutôt réussi, il faut bien reconnaître que le produit est relativement décevant", concède Viriginie Lazès, directrice associée chez Bryan Garnier.
Pour Philippe Torrès, responsable conseil et stratégie numérique à l'Atelier BNP Paribas, "l'iPhone 5 n'est pas une rupture majeure, mais Apple n'en a pas besoin pour rester au sommet". D'après lui, tant que tout le monde désire l'iPhone, il n'y a pas urgence : "C'est une stratégie d'objet. Je fais en sorte que les technologies évoluent en les mettant à jour pour maintenir mon prix de vente premium", précise-t-il.
Ainsi, l'iPhone intègre désormais la 4G devenue incontournable. Par contre inutile de proposer la technologie NFC. Elle n'est pas encore suffisamment opérationnelle pour être incontournable. A cela s'ajoute une "stratégie de contenu" : nouvelle version d'iTunes , suppression progressive des concurrents. Ainsi Apple retire de son offre de service Google Maps qui devient une application comme les autres, en les remplaçant par des produits maison.
La concurrence fourbit ses armes
La première capitalisation boursière du monde (628 milliards de dollars), a encore de la marge pour voir venir les rivaux. Le temps de la suprématie est toutefois compté. Les concurrents se font de plus en plus ressentir, Samsung en tête. "La sortie de l'iPhone 5 consacre Samsung comme un acteur de même niveau", selon Virginie Lazès.
Le groupe coréen domine actuellement le marché des smartphones depuis le début de l'année, grâce notamment au Galaxy S3 (voir le test en cliquant ici), qui a été vendu à plus de 20 millions d'exemplaires depuis sa sortie en mai dernier. Au total, les ventes de téléphones d'Apple sont tombées à 26 millions d'unités au deuxième trimestre, après 35 millions au premier.
En s'attaquant à Samsung, Apple pointe la concurrence de l'écosystème mis en place par Google avec Android. Pour Philippe Torrès, "la vrai stratégie d'Apple repose sur le système d'exploitation". (Lire "Le véritable concurrent d'Apple n'est pas Samsung mais Apple") Google est parvenu à créer un écosystème beaucoup plus important que celui de la firme de Cupertino. D'où l'importance majeure d'iOS6 dans le lancement de l'iPhone 5.
-> Voir la galerie photos "iPhone 5 vs Galaxy S3: dernier acte de la guerre entre Apple et Samsung"
De nouvelles voies pour l'innovation ?
L'innovation peut-elle être encore au rendez-vous ? "Nous savions que Tim Cook et ses équipes allaient maintenir le niveau technologique. Maintenant, l'iPhone 5 n'est pas un produit 'digne' de l'Apple de Steve Jobs. S'il y a les prouesses techniques et le savoir-faire, il manque l'innovation", considère Virginie Lazès.
Pour Philippe Torrès, "Apple doit davantage concentrer ses efforts de recherche et développement dans la télévision que dans l'iPhone. Sur le marché du mobile, c'est largement suffisant d'avoir un iPhone 5. La vraie rupture aura lieu ailleurs. Inutile de s'auto-concurrencer en rompant avec un nouveau produit révolutionnaire alors que l'attente pour l'iPhone est là". La télévision version Apple, voilà une prouesse technologique digne de la firme californienne. A moins que ce ne soit sur une nouvelle génération de produit entre tablette et smartphone...
Se pose enfin la question du prix. Si sur le marché des tablettes, la concurrence se fait par le prix, sur celui des smartphones, la subvention des opérateurs joue encore. "A plus de 600 euros, nous pouvons toutefois nous interroger sur la viabilité de l'iPhone, à moyen terme, avec moins de subventions de la part des opérateurs sur un marché de produits grand public", poursuit Viriginie Lazès. C'est pourquoi, pour rester compétitif, il faut être au rendez-vous de l'innovation. Aux successeurs de Steve Jobs de reprendre donc enfin le flambeau.
"Apple reste dans l'esprit des gens le meilleur. La concurrence essaie encore de s'aligner sur ses standards", concède Philippe Torrès. Mais pour combien de temps ?
http://www.challenges.fr/high-tech/20120913.CHA0804/iphone5-pourquoi-apple-a-prefere-la-continuite-a-la-rupture-avec-son-nouveau-smartphone.html